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la princesse flora

insulté sans être vengé m’étouffait. Enfin, je repris assez d’assurance pour reporter mes regards sur la princesse. Je dis assez d’assurance, car je tremblais de rencontrer dans ses yeux de la pitié pour mon adversaire, et cette pitié m’eût été beaucoup plus amère que la plus amère raillerie ; mais, au contraire, j’y rencontrai une expression de bonté, d’inquiétude, presque d’amour. Son regard se répandit sur mon âme ; il reflétait, comme une glace, et la colère qu’elle ressentait contre mon officier et la crainte qu’elle éprouvait pour ma vie ; il reprochait et priait tout à la fois. Je fus calme. La société, en continuant ses conversations, semblait ne pas remarquer notre aparté. La parole passait de main en main. Je sentis que j’étais de trop. Je me levai, saluai et sortis sans regarder ce qui se passait derrière moi.

Ma fierté blessée doublait mon amour-propre.

— Nous espérons vous voir plus souvent, me dit le maître de la maison en courant après moi.

Une fois dehors, je me retournai.

Oh ! mon ami, mon ami ! je suis peu au courant du