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la princesse flora

est plus historique que le plus historique des romans de Walter Scott. Tu es heureux, Nilouska, de ne pas savoir jusqu’où la passion peut pousser un cœur. J’ai honte devant mon prochain ; je me gourmande moi-même, et, cependant, je passe d’une folie à l’autre ; mon pauvre esprit se perd dans le trouble ; il est couché, il se tait et ne voit goutte, quoiqu’il regarde de tous ses yeux.

Enfin, j’ai beau raisonner ou déraisonner, je n’ai pu échapper aux suites du passé ; l’affaire était faite. Le duel a dû avoir lieu ; tu me manquais seulement comme témoin.

C’était ce matin que nous devions nous rencontrer. À dix heures du matin, nous sommes arrivés au lieu du rendez‑vous ; nous nous sommes salués avec une exquise courtoisie, et, tandis que nos témoins s’éloignaient de nous pour mesurer les pas, mon adversaire, en vertu de l’axiome russe que « le matin est plus difficile que le soir, » s’est approché de moi d’un air caressant, plus calme que l’eau et plus humble que l’herbe.

— Il me semble, capitaine, me dit-il avec son