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rine ne perdait pas une minute, et elle écrivait au procureur général Laguesle une lettre dont l’histoire a conservé jusqu’au dernier mot, et qui jette sur toute cette affaire de sanglantes lueurs :


« Monsieur le procureur, ce soir on me dit pour certain que La Mole a fait le sacrilège. En son logis à Paris, on a trouvé beaucoup de méchantes choses, comme des livres et des papiers. Je vous prie d’appeler le premier président et d’instruire au plus vite l’affaire de la figure de cire à laquelle ils ont donné un coup au cœur, et ce, contre le roi[1].

Catherine. »





XXV

les boucliers invisibles.


Le lendemain du jour où Catherine avait écrit la lettre qu’on vient de lire, le gouverneur entra chez Coconnas avec un appareil des plus imposants : il se composait de deux hallebardiers et de quatre robes noires.

Coconnas était invité à descendre dans une salle où le procureur Laguesle et deux juges l’attendaient pour l’interroger selon les instructions de Catherine.

Pendant les huit jours qu’il avait passés en prison, Coconnas avait beaucoup réfléchi ; sans compter que chaque jour La Mole et lui, réunis un instant par les soins de leur geôlier qui, sans leur rien dire, leur avait fait cette surprise que selon toute probabilité ils ne devaient pas à sa seule philanthropie ; sans compter, disons-nous, que La Mole et lui s’étaient recordés sur la conduite qu’ils avaient à tenir et qui était une négation absolue, il était donc persuadé qu’avec un peu d’adresse son affaire prendrait la meilleure tournure ; les charges n’étaient pas plus fortes pour eux que pour les

  1. Textuelle.