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LA REINE MARGOT.

— Silence ! s’écria-t-il avec un accent qui éteignit toute cette flamme… silence !

Et l’on entendit dans l’épaisseur de la muraille le frôlement du fer grinçant dans une serrure et le cri d’une porte roulant sur ses gonds.

— Mais, dit Marguerite fièrement, il me semble que personne n’a le droit d’entrer ici quand nous y sommes !

— Pas même la reine mère ! murmura René à son oreille.

Marguerite s’élança aussitôt par l’escalier extérieur, attirant La Mole après elle ; Henriette et Coconnas, à demi enlacés, s’enfuirent sur leurs traces, tous quatre s’envolant comme s’envolent, au premier bruit indiscret, les oiseaux gracieux qu’on a vus se becqueter sur une branche en fleur.




XX

les poules noires.


Il était temps que les deux couples disparussent. Catherine mettait la clef dans la serrure de la seconde porte au moment où Coconnas et madame de Nevers sortaient par l’issue du fond, et Catherine en entrant put entendre le craquement de l’escalier sous les pas des fugitifs.

Elle jeta autour d’elle un regard inquisiteur, et arrêtant enfin son œil soupçonneux sur René, qui se trouvait debout et incliné devant elle :

— Qui était là ? demanda-t-elle.

— Des amants qui se sont contentés de ma parole quand je leur ai assuré qu’ils s’aimaient.

— Laissons cela, dit Catherine en haussant les épaules ; n’y a-t-il plus personne ici ?

— Personne que Votre Majesté et moi.

— Avez-vous fait ce que je vous ai dit ?

— À propos des poules noires ?

— Oui.

— Elles sont prêtes, Madame.