Page:Dumas - La Tulipe noire (1892).djvu/160

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tre, il me faudra plusieurs voyages, car je ne pourrai vous en apporter que peu à la fois.

— Oh ! nous ne sommes pas pressés, chère Rosa ; nos tulipes ne doivent pas être enterrées avant un grand mois. Ainsi vous voyez que nous avons tout le temps ; seulement, pour planter votre caïeu, vous suivrez toutes mes instructions, n’est-ce pas ?

— Je vous le promets.

— Et une fois planté, vous me ferez part de toutes les circonstances qui pourront intéresser notre élève, tels que changements atmosphériques, traces dans les allées, traces sur les plates-bandes. Vous écouterez la nuit si notre jardin n’est pas fréquenté par des chats. Deux de ces malheureux animaux m’ont, à Dordrecht, ravagé deux plates-bandes.

— J’écouterai.

— Les jours de lune… Avez-vous vue sur le jardin, chère enfant ?

— La fenêtre de ma chambre à coucher y donne.

— Bon. Les jours de lune, vous regarderez si des trous du mur ne sortent point des rats. Les rats sont des rongeurs fort à craindre, et j’ai vu de malheureux tulipiers reprocher bien amèrement à Noé d’avoir mis une paire de rats dans l’arche.

— Je regarderai, et s’il y a des chats ou des rats…

— Eh bien ! il faudra aviser. Ensuite, continua van Baerle, devenu soupçonneux depuis qu’il était en prison ; ensuite, il y a un animal bien plus à craindre encore que le chat et le rat !

— Et quel est cet animal ?

— C’est l’homme ! Vous comprenez, chère Rosa, on