Page:Dumas - La Tulipe noire (1892).djvu/171

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tout n’allez point vous faire aider par personne, surtout ne confiez votre secret à qui que ce soit au monde ; un amateur, voyez-vous, serait capable, rien qu’à l’inspection de ce caïeu, de reconnaître sa valeur ; et surtout, surtout, ma bien chère Rosa, serrez précieusement le troisième oignon qui vous reste.

— Il est encore dans le même papier où vous l’avez mis et tel que vous me l’avez donné, monsieur Cornélius, enfoui tout au fond de mon armoire et sous mes dentelles qui le tiennent au sec sans le charger. Mais, adieu, pauvre prisonnier.

— Comment, déjà ?

— Il le faut.

— Venir si tard et partir si tôt !

— Mon père pourrait s’impatienter en ne me voyant pas revenir ; l’amoureux pourrait se douter qu’il a un rival.

Et elle écouta inquiète.

— Qu’avez-vous donc ? demanda van Baerle.

— Il m’a semblé entendre.

— Quoi donc ?

— Quelque chose comme un pas qui craquait dans l’escalier.

— En effet, dit le prisonnier, ce ne peut être Gryphus, on l’entend de loin, lui.

— Non, ce n’est pas mon père, j’en suis sûre, mais…

— Mais…

— Mais ce pourrait être M. Jacob.

Rosa s’élança dans l’escalier, et l’on entendit en effet une porte qui se fermait rapidement avant que la jeune fille eût descendu les dix premières marches.