Page:Dumas - La Tulipe noire (1892).djvu/255

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mais si je la reconnais, je la réclamerai. Dussé-je aller devant Son Altesse le stathouder lui-même, mes preuves à la main !

— Vous avez donc des preuves, la belle enfant ?

— Dieu, qui sait mon bon droit, m’en fournira.

Van Systens échangea un regard avec le prince, qui, depuis les premiers mots de Rosa, semblait essayer de rappeler ses souvenirs, comme si ce n’était point la première fois que cette voix douce frappât ses oreilles.

Un officier partit pour aller chercher Boxtel.

Van Systens continua l’interrogatoire.

— Et sur quoi, dit-il, basez-vous cette assertion, que vous êtes propriétaire de la tulipe noire ?

— Mais sur une chose bien simple, c’est que c’est moi qui l’ai plantée et cultivée dans ma propre chambre.

— Dans votre chambre, et où était votre chambre ?

— À Lœvestein.

— Vous êtes à Lœvestein ?

— Je suis la fille du geôlier de la forteresse.

Le prince fit un petit mouvement qui voulait dire :

— Ah ! c’est cela, je me rappelle maintenant.

Et tout en faisant semblant de lire, il regarda Rosa avec plus d’attention encore qu’auparavant.

— Et vous aimez les fleurs ? continua van Systens.

— Oui, monsieur.

— Alors, vous êtes une savante fleuriste ?

Rosa hésita un instant, puis avec un accent tiré du plus profond de son cœur :

— Messieurs, je parle à des gens d’honneur, dit-elle.

L’accent était si vrai, que van Systens et le prince ré-