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Page:Dumas - La Villa Palmieri.djvu/124

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monument qui constatât le miracle qu’il venait d’opérer. Cette motion fut reçue avec enthousiasme. On discuta, séance tenante, sur la forme et la matière de ce monument. Le prêtre se souvint de la colonne ensevelie, rappela aux citoyens que Dieu l’avait sauvée de tout usage profane, parce qu’il la réservait sans doute à cette pieuse destination. La prédestination de l’ex-monolithe était si évidente, que chacun fut de l’avis du prêtre. On courut à l’endroit où il avait été enseveli ; on l’exhuma ; on releva une nouvelle base sur les fondemens de l’ancienne ; on prépara les bas-reliefs qui devaient l’entourer ; on dégrossit la statue du saint qui devait la surmonter. Chacun se mit à l’œuvre, et les choses allaient un train qui permettait de croire que pour cette fois rien ne changerait l’avenir de la colonne, lorsque tout à coup certains bruits, relatifs à un jeune prince de Lorraine qui était venu faire une visite à la belle archiduchesse, s’étant répandus, la souscription destinée au monument se tarit tout à coup, et avec elle l’ardeur des artistes. L’ouvrage commencé fut donc interrompu par absence de fonds, la pire de toutes les absences, et la colonne et la base continuèrent à se regarder, l’une couchée, l’autre debout.

La base fut démolie en 1738, et ses matériaux employés à la construction de l’arc de triomphe élevé en l’honneur de la maison de Lorraine, en dehors de la porte San-Gallo.

Quant à la colonne, qui gênait la circulation, elle fut réenterrée en 1757.

Mais quelque vingt ans après arriva le grand-duc Léopold, lequel montait sur le trône avec de grandes idées d’embellissement pour la ville de Florence. Il avait vaguement entendu raconter l’histoire de la colonne ; il se fit faire un rapport à son endroit : il apprit qu’elle n’était rompue qu’à une seule place ; il s’assura que, réunie par des crampons de fer, cette rupture ne nuirait en rien à la solidité de l’ex-monolithe, il ordonna qu’elle fût exhumée : la colonne revit le jour.

Mais à peine le projet des architectes était-il arrêté sur le papier, que les premiers mouvemens révolutionnaires éclatèrent en Europe. Ce n’est pas pendant les tremblemens de terre qu’il fait bon de dresser des obélisques ; aussi la pau-