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MURAT.

poussa un profond soupir, laissa retomber son front entre ses mains, et resta immobile et absorbé dans ses réflexions, jusqu’au moment où le bruit d’une cavalcade le fit tressaillir ; il releva aussitôt la tête, secoua ses longs cheveux noirs, comme s’il voulait faire tomber de son front les amères pensées qui l’accablaient, et fixant les yeux vers l’entrée des gorges, du côté d’où venait le bruit, il en vit bientôt sortir deux cavaliers qu’il reconnut sans doute ; car aussitôt, se relevant de toute sa hauteur, il laissa tomber le bâton qu’il tenait à la main, croisa les bras et se tourna vers eux. De leur côté, les nouveaux arrivans l’eurent à peine aperçu qu’ils s’arrêtèrent, et que celui qui marchait le premier descendit de cheval, jeta la bride au bras de son compagnon, et mettant le chapeau à la main, quoiqu’il fût à plus de cinquante pas de l’homme aux haillons, s’avança respectueusement vers lui ; le mendiant le laissa approcher d’un air de dignité sombre et sans faire un seul mouvement, puis lorsqu’il ne fut plus qu’à une faible distance :

— Eh bien ! monsieur le maréchal, lui dit-il, avez-vous reçu des nouvelles ?