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MURAT.

entendre le cri sauveur : — Une voile ! une voile !…

Le roi et ses deux compagnons cessèrent aussitôt leur travail ; on hissa de nouveau les voiles, on mit le cap sur le bâtiment qui s’avançait et l’on cessa de s’occuper de l’eau, qui, n’étant plus combattue, gagna rapidement.

Désormais c’était une question de temps, de minutes, de secondes, voilà tout ; il s’agissait d’arriver au bâtiment avant de couler bas. Le bâtiment, de son côté, semblait comprendre la position désespérée de ceux qui imploraient son secours ; il venait au pas de course. Langlade le reconnut le premier, c’était une balancelle du gouvernement, un bateau de poste qui faisait le service entre Toulon et Bastia. Langlade était l’ami du capitaine, il l’appela par son nom avec cette voix puissante de l’agonie, et il fut entendu. Il était temps, l’eau gagnait toujours ; le roi et ses compagnons étaient déjà dans la mer jusqu’aux genoux ; le canot gémissait comme un mourant qui râle ; il n’avançait plus et com-