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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

convictions inébranlables qu’il se résume, concentre ses forces, saisit au corps le phlogistique, le presse, l’accable d’arguments irrésistibles, et d’un seul coup le renverse foudroyé.

Après avoir commencé le feu en 1772, ce n’est qu’en 1783 qu’il livre la bataille ; jusque-là, aux yeux des esprits superficiels, il semble céder. C’est qu’il n’avait pas encore recueilli les faits nécessaires pour asseoir sa propre doctrine et pour en montrer toute la portée. Esprit essentiellement créateur, dominé du besoin d’inventer et non de celui de détruire, peu lui importe de tuer le phlogistique : il lui importe beaucoup de découvrir une explication plus conforme à la nature des choses.

Du reste, en parcourant les Mémoires de Lavoisier qui ont pour objet la Chimie générale et l’établissement de son système, il est impossible de méconnaître la nature de sa méthode. On voit, en effet, qu’il existe un tel enchaînement entre les écrits de ce grand homme, que le premier conduit au second ; que le second est indispensable au troisième, et qu’ainsi de suite tous ses travaux se commandent, les faits conduisant à de nouvelles idées, et les idées nouvelles conduisant à leur tour à étudier, avec cette attention qui fertilise tout, des faits négligés jusqu’alors, ou à découvrir des faits inconnus,