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LAVOISIER.

Lavoisier, après une vie si honorable et si pure, a-t-il été conduit sur l’échafaud par les fureurs de la Révolution ? Hélas ! c’est une chose toute simple !

Lavoisier était fermier général et comme tel il fut compris dans la prescription qui les atteignit tous. Il connut son péril, mais, dans le moment même où la mort planait sur sa tête, il continuait encore ses travaux ; il poursuivait, il hâtait l’impression de ses œuvres avec un calme, une sérénité dignes des temps antiques. Peut-être pensa-t-il qu’il était au-dessus du péril, et que sa réputation, sa gloire, exigeraient quelque prétexte raisonnable à son accusation. Confiance funeste ! Le prétexte ne manqua pas : on se contentait si aisément alors.

En 1794, le 2 mai, un membre de la Convention, nommé Dupin, ancien commis de son beau-père, vint porter à cette Assemblée un acte d’accusation contre tous les fermiers généraux ; Lavoisier s’y trouva compris. Peu de jours après, le rapport est lu et changé par Fouquier-Thinville en un acte d’accusation près le tribunal révolutionnaire.

Lavoisier était de garde, il apprend le danger qui menace sa tête, on le prévient qu’il va être arrêté. Moment cruel ! Que devenir ? Que faire ? Représentez-vous le grand homme proscrit, isolé tout à coup, déjà retranché de la société par ce décret funeste, n’osant plus rentrer chez lui, errant dans