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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

observe, et c’est presque toujours par l’analyse patiente d’un phénomène faible ou lent qu’on parvient à trouver les lois de ceux qui échappaient d’abord à cette analyse, en raison même de leur énergie ou de leur rapidité. N’oublions pas que c’est en cherchant la cause de la chute d’une pomme que Newton découvrit les lois qui régissent l’univers, ces lois magnifiques qu’une étude approfondie du mouvement des astres n’avait pas su lui dévoiler. Ainsi l’on peut prédire, par exemple, que, si nous avons quelque jour des idées nettes sur la nature de l’affinité chimique, nous les devrons bien plutôt à l’étude des actions chimiques les plus faibles qu’à celle des actions chimiques énergiques.

Toutefois, outre que ces sortes de choses ne se voient guère a priori, il y avait un motif qui pouvait écarter les chimistes de l’étude des sels.

Il faut se rappeler que les anciens chimistes entendaient par sels toute autre chose que ce qu’on appelle ainsi maintenant : c’était tout ce qu’il y a de plus confus.

D’abord les vrais sels ne leur étaient connus qu’en très-petit nombre ; ensuite ils les confondaient avec une multitude d’autres corps. Vous en jugerez quand je vous dirai que l’acide sulfurique ordinaire était, à leurs yeux, le vrai type des sels, et surtout quand je vous aurai déduit leurs motifs ; car vous