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PHILOSOPHIE CHIMIQUE.

séquences ingénieuses. L’expérience est constamment son guide, ses observations sont toujours exactes, ses résultats sont en général nets et précis.

Quelques chimistes de son temps, persuadés que les corps éprouvaient dans leur composition des variations continuelles, n’examinaient jamais une série de composés sans découvrir une multitude de variétés. Étudiaient-ils un métal, ils lui trouvaient cinq ou six oxydes et quelquefois davantage ; s’occupaient-ils d’un sel, ils se croyaient bientôt en droit de distinguer autant de sous-sels ou de sels acides. Négligeant les analyses et accordant une importance exagérée à des caractères physiques souvent insignifiants, ils établissaient des variétés nouvelles, dès que l’aspect des deux produits était différent, que leur couleur n’était pas la même ou que l’addition de quelques matières étrangères, dont ils ne soupçonnaient pas l’existence, venait en modifier certaines propriétés.

Proust, la balance à la main, ramenait à l’ordre tous ces résultats compliqués. Il prouvait l’identité des produits dans lesquels des accidents de préparation avaient déterminé des différences de propriétés physiques. Il démontrait que les dissemblances remarquées puisaient leur source dans la présence de matières étrangères qui avaient échappé aux observateurs qu’il critiquait.