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ATOMES.

du reste, était devenu prodigieusement distrait et absorbé par ces idées. Tant s’est montrée fatale l’influence des méditations sur les atomes à ceux qui s’y sont jetés imprudemment et sans frein expérimental !

Tel était l’état des choses, à l’époque où furent reconnues les proportions chimiques, et où Dalton, s’appuyant sur elles, fit revivre les atomes. Mais si les atomes ne sont pas mieux établis par la raison pure, si l’expérience des chimistes ne donne rien qui oblige à les admettre, la théorie actuelle doit offrir mille difficultés fort épineuses car elle pèche par la base. C’est ce que vous apprécierez dans la séance prochaine, où vous verrez que toutes les idées les plus probables mises en avant dans cette théorie ont été démenties par l’expérience, comme si vraiment on avait voulu donner raison à cette proposition de Fontenelle : Quand une théorie paraît probable, soyez sûr qu’elle est fausse. Ce que j’aime mieux formuler ainsi : Ne prêtons jamais notre esprit à la nature, et cherchons plutôt à découvrir le sien : car dans ses grands ouvrages comme dans les plus petits les choses se font par des moyens toujours plus ingénieux, toujours plus grands par leur simplicité, ou plus attachants par leur finesse, que ceux que nous pouvons imaginer.