Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/271

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ans sous la domination française, et j’aurais cru que huit ans de notre domination, surtout de 4807 à 4815, eussent été plus que suffisans pour sécher la croyance dans ses plus profondes racines.

L’église resta ouverte, chacun put y prier toute la journée, et de toute la journée elle ne désemplit pas. J’avoue que pour mon compte, j’aurais voulu voir de près ce moine, l’interroger sur sa vie antérieure, le sonder sur ses espérances à venir Je demandai au Père gardien si je pouvais lui parler, mais on me répondit qu’en rentrant il s’était trouvé mal, et qu’en revenant à lui il s’était enfermé dans sa cellule, et avait prévenu qu’il ne descendrait pas au réfectoire, voulant passer le reste de sa journée en prières.

Nous rentrâmes à l’hôtel vers les quatre heures ; nous y retrouvâmes le capitaine, à qui nous demandâmes s’il avait pris part aux dévotions générales : mais le capitaine était trop bon Sicilien pour prier pour des Calabrais. D’ailleurs il prétendit que la masse des péchés qui se commettaient de Pestum à Reggio était si grande, que toutes les communautés religieuses de la terre, se fouettassent-elles pendant un an, n’enlèveraient pas à chaque sujet continental de S. M. le roi de Naples la centième partie du temps qu’il avait à rester en purgatoire.

Comme en restant plus longtemps au milieu de pareils pécheurs nous ne pouvions faire autrement que de finir par nous perdre nous-mêmes, nous fixâmes au lendemain matin le moment de notre départ : en conséquence le capitaine partit à l’instant même, afin qu’en arrivant à San-Lucido nous trouvassions notre patente prête, et que rien ne retardât notre départ.

Nous employâmes notre soirée à faire une visite au baron Mollo et une promenade aux baraques. Telle est, au reste, en Italie, la puissance de cette loi qu’on appelle l’hospitalité, qu’au milieu des malheurs de la ville qu’il habitait, malheur dont il avait eu sa bonne part, le baron Mollo ne nous avait pas négligés un seul instant, et s’était montré pour nous le même qu’il eût été dans les temps calmes et heureux.

Je voulus m’assurer par moi-même de l’influence qu’avait