Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/288

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ces, que nous ne pouvions pas répondre à cette politesse par un affront ; nous le laissâmes donc au poste qu’il avait conquis par son urbanité, mais en recommandant au cocher de borner là sa libéralité.

Un peu au delà de Nocera, un gamin sauta sur notre brancard, en nous demandant si nous ne nous arrêtions pas à Pompéia, et en nous offrant de nous en faire les honneurs. Nous le remerciâmes de sa proposition obligeante ; mais comme il entrait dans nos projets de nous rendre directement à Naples, nous l’invitâmes à aller offrir ses services à d’autres qu’à nous ; il nous demanda alors de permettre qu’il restât où il était jusqu’à Pompéia. La demande était trop peu ambitieuse pour que nous la lui refusassions : le gamin demeura sur son brancard. Seulement, arrivé à Pompéia, il nous dit, qu’en y réfléchissant bien, c’était à Torre dell’ Annunziata qu’il avait affaire, et qu’avec notre permission il ne nous quitterait que là. Nous eussions perdu tout le mérite de notre bonne action en ne la poursuivant pas jusqu’au bout. La permission fut étendue jusqu’à Torre dell’ Annunziata.

A Torre dell’ Annunziata nous nous arrêtâmes, comme la chose était convenue, pour déjeuner et pour changer de cheval. Nous déjeunâmes d’abord tant bien que mal, le lacrimachristi ayant fait compensation à l’huile épouvantable avec laquelle tout ce qu’on nous servit était assaisonné ; puis nous appelâmes notre cocher, qui se rendit à notre invitation de l’air le plus dégagé du monde. Nous ne doutions donc pas que nous ne pussions nous remettre immédiatement en route, lorsqu’il nous annonça, toujours avec son même air riant, qu’il ne savait pas comment cela se faisait, mais qu’il n’avait pas trouvé à Torre dell’ Annunziata le relais sur lequel il avait cru pouvoir compter. Il est vrai, s’il fallait l’en croire, que cela n’importait en rien, et que le cheval ne se serait pas plutôt reposé une heure, que nous repartirions plus vite que nous n’étions venus. Au reste, l’accident, nous assurait-il, était des plus heureux, puisqu’il nous offrait une occasion de visiter Torre dell’ Annunziata, une des villes, à son avis, les plus curieuses du royaume de Naples.

Nous nous serions fâchés que cela n’aurait avancé à rien.