Page:Dumas - Le Capitaine Aréna.djvu/93

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blessé, et que ce qu’il prenait pour du vin du Vésuve et du macaroni, était tout bonnement quatre gouttes d’une liqueur rouge qu’une jeune fille lui avait versée dans la tasse qui était encore sur la chaise auprès de son lit : mais il ne dit pas un mot de la chose, il demanda seulement à se lever, on lui mit un fauteuil à côté de sa croisée, il prit un bâton et, ma foi ! tant bien que mal il marcha : c’était crâne, tout de même, trois jours après avoir reçu un coup de couteau pareil ; enfin il avait l’air d’un président quand le docteur entra : il n’en revenait pas, pauvre cher homme ! c’était la plus belle cure qu’il eût faite de sa vie. Il s’assit auprès de son malade.

— Eh bien ! capitaine, lui dit-il, il paraît que ça va de mieux en mieux ?

— Vous voyez, docteur, parfaitement.

—Oh !il n’y a pas besoin de vous tâter le pouls, ni de vous regarder la langue ; il n’y a plus que patience à avoir, et les forces reviendront. Mais quand elles seront revenues, si j’ai un conseil à vous donner, c’est de ne plus vous battre pour toutes les sorcières que vous rencontrerez, parce qu’il y en a quelques-unes en Calabre, voyez-vous.

— Qu’est-ce que vous dites ?

— Je dis que celle pour laquelle vous avez reçu le coup de couteau dont ma science vient de vous guérir, ne valait pas la vie qu’elle a failli vous coûter.

— Comment ?

— Vous ne la connaissez pas ?

— Non.

— Eh bien, c’est Giulia.

— Giulia ! c’est son nom ? après ?

— Eh bien après... c’est le nom d’une sorcière, voilà tout.

— Elle ! elle est sorcière ! — Le capitaine pâlit. — Puis, comme il n’était pas convaincu encore : — Sorcière ? reprit-il : docteur, en êtes-vous bien sûr ?

— Sûr comme de mon existence ; c’est une fille sans père ni mère d’abord. Puis, voyez-vous, elle a été élevée par un vieux berger, un jeteur de sorts, un empoisonneur enfin.

— Mais ce n’est pas une raison pour que cette pauvre fille...