Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/47

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des cressons. Personne n’entama de discussion là-dessus.

— Maintenant, dit Thierry, lorsque chacun à son tour eut bien examiné mademoiselle Camargo, il faut la laisser souper tranquillement.

— Et que va-t-elle manger ? dit Flers.

— J’ai son repas dans cette boîte.

Et Thierry, soulevant le parchemin, introduisit dans l’espace réservé à l’air, une si grande quantité de mouches auxquelles il manquait une aile, qu’il était évident qu’il avait consacré sa matinée à les prendre et son après-midi à les mutiler. Nous crûmes que Mademoiselle Camargo en avait pour six autres mois : l’un de nous alla même jusqu’à émettre cette opinion.

— Erreur, répondit Thierry ; dans un quart d’heure, il n’y en aura plus une seule.

Le moins incrédule de nous laissa échapper un geste de doute. Thierry, fort d’un premier succès, reporta mademoiselle Camargo à sa place habituelle, sans même daigner nous répondre.

Il n’avait point encore repris sa place, lorsque la porte s’ouvrit, et que le maître du café voisin entra, portant un plateau sur lequel étaient une théière, un sucrier et des tasses. Il était immédiatement suivi de deux garçons qui portaient, dans une manne d’osier, un pain de munition, une brioche, une salade et une multitude de petits gâteaux de toutes les formes, de toutes les espèces.

Ce pain de munition était pour Tom, la brioche pour Jacques, la salade pour Gazelle, et les petits gâteaux pour nous. On commença par servir les bêtes, puis on dit aux