Page:Dumas - Le Capitaine Pamphile, 1875.djvu/57

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singe par la peau du cou, l’arracha du cadavre qu’il tenait embrassé, l’examina un instant avec autant d’attention qu’aurait pu le faire M. de Buffon ; et, pinçant les lèvres d’un air de satisfaction intérieure :

» — Bagasse ! s’écria-t-il, c’est un callitriche ; cela vaut cinquante francs comme un liard, rendu sur le port de Marseille.

» Et il le mit dans sa gibecière.

» Puis, comme le capitaine Pamphile était à jeun par suite de l’incident que nous avons raconté, il se décida à reprendre la route de la baie. D’ailleurs, quoique sa chasse n’eût duré que deux heures environ, il avait tué, dans cet espace de temps, un serpent boa, un tigre, un hippopotame, et rapportait vivant un callitriche. Il y a bien des chasseurs parisiens qui se contenteraient d’une pareille chance pour toute la journée.

» En arrivant sur le pont du brick, il vit tout l’équipage occupé autour de l’hippopotame, qui était heureusement parvenu à son adresse. Le chirurgien du navire lui arrachait les dents, afin d’en faire des manches de couteau pour Villenave et de faux râteliers pour Désirabode ; le contre-maître lui enlevait le cuir et le découpait en lanières, afin d’en confectionner des fouets à battre les chiens et des garcettes à épousseter les mousses ; enfin, le cuisinier lui taillait des bifteks dans le filet et des grillades dans l’entre-côtes pour la table du capitaine Pamphile : le reste de l’animal devait être coupé par quartiers et salé à l’intention de l’équipage.

» Le capitaine Pamphile fut si satisfait de cette activité,