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LE COLLIER DE LA REINE. 153

— E’une chose qui fait honneur à ta naïveté,

— Voyoas, dites, monsieur.

•— C’est tout simple, tu arrives d’Amérique, tu os parll dans un moment où il n’y avait plas qu’un roi et plus do roine, si ce n’est la Dubarry, majesté peu respectable ; tu reviens, tu vois une reine et tu to dis : respectons-la.

— Sans doute.

— Pauvre enfant 1 fit le vieillard. Et ii se mit a étouffer à la fois, dans son manchon, une toux et un éclat do rire.

— Comment, demanda Phihppe, vous me plaignez, monsieur, de ce que je respecte la royauté, vous, un Taverne y-Maison-Rouge ; vous, un des bons gentilshommes de France.

— Attends donc, je ne te parle pas de la royauté , moi, je te parle de la reine.

— Et vous faites une différence ?

— Pardieu 1 qu’est-ce que la royauté, mon cher ? une couronne ; on n’y touche pas à cela, peste ! Qu’est-ce que la reine ? une femme ; oh ! une femnie, c’est différent, on y touche.

— On y touche ! s’écria Philippe rougissant à la fois de colère et de mépris, accompagnant ces paroles d’un geste si superbe, que nulle femme n’eût pu le voir sans l’aimer, nulle Kl ne sans l’adorer.

— Tu n’en crois rien, non ; eh bien 1 demande, reprit le petit vieillard avec un accent bas et presque farouche, tant il mit de cynisme dans son sourire, demande à monsieur de Coigny, demande à monsieur de Lauzun, demande à monsieur de Vaudreuil.

— Silence ! silence, mon père, s’écria Philippe d’une voix sourde, ou pour ces trois blasphèmes, ne pouvant vous frapper trois fois de mon épée, c’est moi, je vous le jure. Ciui me frapperai moi-même, et sans pitié, et sur l’henié.

Taverney tit un pas à reculons, tourna sur lui-même comme eût fait Richelieu à trente ans, et secouant son manclion :

9.