Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 1.djvu/305

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qui avait crié courage ! à Dantès, si le camarade dit vrai, qui empêche qu’il ne reste avec nous ?

— Oui, s’il dit vrai, dit le patron d’un air de doute mais dans l’état où est le pauvre diable, on promet beaucoup, quitte à tenir ce que l’on peut.

— Je tiendrai plus que je n’ai promis, dit Dantès.

— Oh ! oh ! fit le patron en riant, nous verrons cela.

— Quand vous voudrez, reprit Dantès en se relevant. Où allez-vous ?

— À Livourne.

— Eh bien ! alors, au lieu de courir des bordées qui vous font perdre un temps précieux, pourquoi ne serrez-vous pas tout simplement le vent au plus près ?

— Parce que nous irions donner droit sur l’île de Rion.

— Vous en passerez à plus de vingt brasses.

— Prenez donc le gouvernail, dit le patron, et que nous jugions de votre science.

Le jeune homme alla s’asseoir au gouvernail, s’assura par une légère pression que le bâtiment était obéissant ; et, voyant que sans être de première finesse, il ne se refusait pas :

— Aux bras et aux boulines ! dit-il.

Les quatre matelots qui formaient l’équipage coururent à leur poste, tandis que le patron les regardait faire.

— Halez ! continua Dantès.

Les matelots obéirent avec assez de précision.

— Et maintenant, amarrez bien !

Cet ordre fut exécuté comme les deux premiers, et le petit bâtiment, au lieu de continuer de courir des bordées commença de s’avancer vers l’île de Rion, près de laquelle il passa, comme l’avait prédit Dantès, en la laissant, par tribord, à une vingtaine de brasses.