Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 1.djvu/39

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Fernand demeura impassible ; il ne chercha pas à essuyer les larmes qui roulaient sur les joues de Mercédès ; et cependant, pour chacune de ces larmes, il eût donné un verre de son sang ; mais ces larmes coulaient pour un autre.

Il se leva, fit un tour dans la cabane et revint, s’arrêta devant Mercédès, l’œil sombre et les poings crispés.

— Voyons, Mercédès, dit-il, encore une fois répondez : est-ce bien résolu ?

— J’aime Edmond Dantès, dit froidement la jeune fille, et nul autre qu’Edmond ne sera mon époux.

— Et vous l’aimerez toujours ?

— Tant que je vivrai.

Fernand baissa la tête comme un homme découragé, poussa un soupir qui ressemblait à un gémissement ; puis tout à coup relevant le front, les dents serrées et les narines entr’ouvertes :

— Mais s’il est mort ?

— S’il est mort, je mourrai.

— Mais s’il vous oublie ?

— Mercédès ! cria une voix joyeuse au dehors de la maison, Mercédès !

— Ah ! s’écria la jeune fille en rugissant de joie et en bondissant d’amour, tu vois bien qu’il ne m’a pas oubliée, puisque le voilà !

Et elle s’élança vers la porte, qu’elle ouvrit en s’écriant :

— À moi, Edmond ! me voici.

Fernand, pâle et frémissant, recula en arrière, comme fait un voyageur à la vue d’un serpent, et, rencontrant sa chaise, il y retomba assis.

Edmond et Mercédès étaient dans les bras l’un de l’autre. Le soleil ardent de Marseille, qui pénétrait à