Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 2.djvu/151

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sauta sur la grève, échangea encore quelques mots à voix basse avec la sentinelle ; ses compagnons descendirent l’un après l’autre ; puis vint enfin le tour de Franz.

Il avait un de ses fusils en bandoulière, Gaetano avait l’autre, un des matelots tenait sa carabine. Son costume tenait à la fois de l’artiste et du dandy ; ce qui n’inspira aux hôtes aucun soupçon, et par conséquent aucune inquiétude.

On amarra la barque au rivage, on fit quelques pas pour chercher un bivouac commode ; mais sans doute le point vers lequel on s’acheminait n’était pas dans la convenance du contrebandier qui remplissait le poste de surveillant, car il cria à Gaetano :

— Non, point par là, s’il vous plaît.

Gaetano balbutia une excuse, et, sans insister davantage, s’avança du côté opposé, tandis que deux matelots, pour éclairer la route, allaient allumer des torches au foyer.

On fit trente pas à peu près et l’on s’arrêta sur une petite esplanade tout entourée de rochers dans lesquels on avait creusé des espèces de sièges, à peu près pareils à de petites guérites où l’on monterait la garde assis. Alentour poussaient, dans des veines de terre végétale, quelques chênes nains et des touffes épaisses de myrtes. Franz abaissa une torche et reconnut, à un amas de cendres, qu’il n’était pas le premier à s’apercevoir du confortable de cette localité, et que ce devait être une des stations habituelles des visiteurs nomades de l’île de Monte-Cristo.

Quant à son attente d’événements, elle avait cessé ; une fois le pied sur la terre ferme, une fois qu’il eût vu les dispositions, sinon amicales, du moins indifférentes de ses hôtes, toute sa préoccupation avait disparu, et, à