Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 2.djvu/154

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— Je vous dis ce qu’on m’a dit, Excellence.

— Alors, vous me conseillez d’accepter ?

— Oh ! je ne dis pas cela ! Votre Excellence fera selon son bon plaisir. Je ne voudrais pas lui donner un conseil dans une semblable occasion.

Franz réfléchit quelques instants, comprit que cet homme si riche ne pouvait lui en vouloir, à lui qui portait seulement quelques mille francs ; et, comme il n’entrevoyait dans tout cela qu’un excellent souper, il accepta. Gaetano alla porter sa réponse.

Cependant, nous l’avons dit, Franz était prudent ; aussi voulut-il avoir le plus de détails possibles sur son hôte étrange et mystérieux. Il se retourna donc du côté du matelot, qui, pendant ce dialogue, avait plumé les perdrix avec la gravité d’un homme fier de ses fonctions, et lui demanda dans quoi ces hommes avaient pu aborder, puisqu’on ne voyait ni barques, ni spéronares, ni tartanes.

— Je ne suis pas inquiet de cela, dit le matelot, et je connais le bâtiment qu’ils montent.

— Est-ce un joli bâtiment ?

— J’en souhaite un pareil à Votre Excellence pour faire le tour du monde.

— De quelle force est-il ?

— Mais de cent tonneaux à peu près. C’est, du reste, un bâtiment de fantaisie, un yacht, comme disent les Anglais, mais confectionné, voyez-vous, de façon à tenir la mer par tous les temps.

— Et où a-t-il été construit ?

— Je l’ignore. Cependant je le crois génois.

— Et comment un chef de contrebandiers, continua Franz, ose-t-il faire construire un yacht destiné à son commerce dans le port de Gênes ?