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Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 3.djvu/143

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Ali fit un signe négatif.

— Mais ?… demanda le groom.

— Mais Son Excellence n’est pas visible, répondit le concierge.

— En ce cas, voici la carte de mon maître, M. le baron Danglars. Vous la remettrez au comte de Monte-Cristo, et vous lui direz qu’en allant à la Chambre mon maître s’est détourné pour avoir l’honneur de le voir.

— Je ne parle pas à Son Excellence, dit le concierge ; le valet de chambre fera la commission.

Le groom retourna vers la voiture.

— Eh bien ? demanda Danglars.

L’enfant, assez honteux de la leçon qu’il venait de recevoir, apporta à son maître la réponse qu’il avait reçue du concierge.

— Oh ! fit celui-ci, c’est donc un prince que ce monsieur, qu’on l’appelle Excellence, et qu’il n’y ait que son valet de chambre qui ait le droit de lui parler ; n’importe, puisqu’il a un crédit sur moi, il faudra bien que je le voie quand il voudra de l’argent.

Et Danglars se rejeta dans le fond de sa voiture en criant au cocher, de manière qu’on pût l’entendre de l’autre côté de la route :

— À la Chambre des députés !

Au travers d’une jalousie de son pavillon, Monte-Cristo, prévenu à temps, avait vu le baron et l’avait étudié, à l’aide d’une excellente lorgnette, avec non moins d’attention que M. Danglars en avait mis lui-même à analyser la maison, le jardin et les livrées.

— Décidément, fit-il avec un geste de dégoût et en faisant rentrer les tuyaux de sa lunette dans leur fourreau d’ivoire, décidément c’est une laide créature que cet homme ; comment, dès la première fois qu’on le voit, ne