Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 3.djvu/191

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Et frappant un coup sur le timbre retentissant :

— Je monte chez madame, dit-il à Ali ; que dans une demi-heure la voiture soit prête !



XI

HAYDÉE.

On se rappelle quelles étaient les nouvelles ou plutôt les anciennes connaissances du comte de Monte-Cristo qui demeuraient rue Meslay : c’étaient Maximilien, Julie et Emmanuel.

L’espoir de cette bonne visite qu’il allait faire, de ces quelques moments heureux qu’il allait passer, de cette lueur de paradis glissant dans l’enfer où il s’était volontairement engagé, avait répandu, à partir du moment où il avait perdu de vue Villefort, la plus charmante sérénité sur le visage du comte, et Ali, qui était accouru au bruit du timbre, en voyant ce visage aussi rayonnant d’une joie si rare, s’était retiré sur la pointe du pied et la respiration suspendue, comme pour ne pas effaroucher les bonnes pensées qu’il croyait voir voltiger autour de son maître.

Il était midi : le comte s’était réservé une heure pour monter chez Haydée ; on eût dit que la joie ne pouvait rentrer tout à coup dans cette âme si longtemps brisée, et qu’elle avait besoin de se préparer aux émotions douces, comme les autres âmes ont besoin de se préparer aux émotions violentes.