Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 3.djvu/83

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— Eh bien ! prenez vos gants et votre chapeau, dit Monte-Cristo.

— Est-ce que je vais avec monsieur le comte ? s’écria Bertuccio.

— Sans doute, il faut bien que vous donniez vos ordres, puisque je compte habiter cette maison.

Il était sans exemple que l’on eût répliqué à une injonction du comte ; aussi l’intendant, sans faire aucune objection, suivit-il son maître, qui monta dans la voiture et lui fit signe de le suivre. L’intendant s’assit respectueusement sur la banquette du devant.



V

LA MAISON D’AUTEUIL.

Monte-Cristo avait remarqué, qu’en descendant le perron, Bertuccio s’était signé à la manière des Corses, c’est-à-dire en coupant l’air en croix avec le pouce, et qu’en prenant place dans la voiture il avait marmotté tout bas une courte prière. Tout autre qu’un homme curieux eût eu pitié de la singulière répugnance manifestée par le digne intendant pour la promenade méditée extra muros par le comte ; mais, à ce qu’il paraît, celui-ci était trop curieux pour dispenser Bertuccio de ce petit voyage. En vingt minutes on fut à Auteuil. L’émotion de l’intendant avait toujours été croissant. En entrant dans le village, Bertuccio, rencogné dans l’angle de la voiture, commença à examiner avec une émotion fiévreuse chacune des maisons devant lesquelles on passait.