Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 4.djvu/103

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nous soyons bien pauvres pour payer un aussi beau talent que le sien.

— Allez, Cornélie, dit madame Danglars, je n’ai plus besoin de vous.

Cornélie disparut, et, un instant après, madame Danglars sortit de son cabinet dans un charmant négligé, et vint s’asseoir près de Lucien.

Puis, rêveuse, elle se mit à caresser le petit épagneul.

Lucien la regarda un instant en silence.

— Voyons, Hermine, dit-il au bout d’un instant, répondez franchement : quelque chose vous blesse, n’est-ce pas ?

— Rien, reprit la baronne.

Et cependant, comme elle étouffait, elle se leva, essaya de respirer et alla se regarder dans une glace.

— Je suis à faire peur ce soir, dit-elle.

Debray se levait en souriant pour aller rassurer la baronne sur ce dernier point, quand tout à coup la porte s’ouvrit.

M. Danglars parut ; Debray se rassit.

Au bruit de la porte, madame Danglars se retourna, et regarda son mari avec un étonnement qu’elle ne se donna même pas la peine de dissimuler.

— Bonsoir, madame, dit le banquier ; bonsoir, monsieur Debray.

La baronne crut sans doute que cette visite imprévue signifiait quelque chose, comme un désir de réparer les mots amers qui étaient échappés au baron dans la journée.

Elle s’arma d’un air digne, et se retournant vers Lucien, sans répondre à son mari :

— Lisez-moi donc quelque chose, monsieur Debray, lui dit-elle.