Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 4.djvu/170

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un peu ce luxe de la table, le plus rare de tous les luxes, quand on veut le rencontrer complet.

Au moment où la comtesse de Morcerf rentrait dans ses salons, après avoir donné ses derniers ordres, les salons commençaient à se remplir d’invités qu’attirait la charmante hospitalité de la comtesse, bien plus que la position distinguée du comte ; car on était sûr d’avance que cette fête offrirait, grâce au bon goût de Mercédès, quelques détails dignes d’être racontés ou copiés au besoin.

Madame Danglars, à qui les événements que nous avons racontés avaient inspiré une profonde inquiétude, hésitait à aller chez madame de Morcerf, lorsque dans la matinée sa voiture avait croisé celle de Villefort. Villefort lui avait fait un signe, les deux voitures s’étaient rapprochées, et à travers les portières :

— Vous allez chez madame de Morcerf, n’est-ce pas ? avait demandé le procureur du roi.

— Non, avait répondu madame Danglars, je suis trop souffrante.

— Vous avez tort, reprit Villefort avec un regard significatif ; il serait important que l’on vous y vît.

— Ah ! croyez-vous ? demanda la baronne.

— Je le crois.

— En ce cas, j’irai.

Et les deux voitures avaient repris leur course divergente. Madame Danglars était donc venue, non-seulement belle de sa propre beauté, mais encore éblouissante de luxe ; elle entrait par une porte au moment même où Mercédès entrait par l’autre.

La comtesse détacha Albert au-devant de madame Danglars ; Albert s’avança, fit à la baronne, sur sa toilette, les compliments mérités, et lui prit le bras pour la conduire à la place qu’il lui plairait de choisir.