Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 4.djvu/226

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Alors, à votre visage, je compris que la chose était plus grave que je ne le croyais. La crise passée, je cherchai vos yeux mais je ne les rencontrai pas. Vous teniez le pouls, vous en comptiez les battements, et la seconde crise parut, que vous ne vous étiez pas encore retourné de mon côté. Cette seconde crise fut plus terrible que la première : les mêmes mouvements nerveux se reproduisirent, et la bouche se contracta et devint violette.

À la troisième elle expira.

Déjà, depuis la fin de la première, j’avais reconnu le tétanos ; vous me confirmâtes dans cette opinion.

— Oui, devant tout le monde, reprit le docteur ; mais maintenant nous sommes seuls.

— Qu’allez-vous me dire, mon Dieu ?

— Que les symptômes du tétanos et de l’empoisonnement par les matières végétales sont absolument les mêmes.

M. de Villefort se dressa sur ses pieds ; puis, après un instant d’immobilité et de silence, il retomba sur son banc.

— Oh ! mon Dieu ! docteur, dit-il, songez-vous bien à ce que vous me dites là ?

Morrel ne savait pas s’il faisait un rêve ou s’il veillait.

— Écoutez, dit le docteur, je connais l’importance de ma déclaration et le caractère de l’homme à qui je la fais.

— Est-ce au magistrat ou à l’ami que vous parlez ? demanda Villefort.

— À l’ami, à l’ami seul en ce moment ; les rapports entre les symptômes du tétanos et les symptômes de l’empoisonnement par les substances végétales sont tellement identiques, que s’il me fallait signer ce que je dis là, je vous déclare que j’hésiterais. Aussi, je vous le répète, ce n’est point au magistrat que je m’adresse, c’est à l’ami. Eh bien ! à l’ami, je dis : pendant les trois quarts