Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 4.djvu/279

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madame Danglars ne parut pas même remarquer cette circonstance.

Bientôt après, le comte entendit la voix d’Andrea résonner aux accords du piano, accompagnant une chanson corse.

Pendant que le comte écoutait en souriant cette chanson qui lui faisait oublier Andrea pour lui rappeler Benedetto, madame Danglars vantait à Monte-Cristo la force d’âme de son mari, qui, le matin encore, avait, dans une faillite milanaise, perdu trois ou quatre cent mille francs.

Et, en effet, l’éloge était mérité ; car, si le comte ne l’eût su par la baronne ou peut-être par un des moyens qu’il avait de tout savoir, la figure du baron ne lui en eût pas dit un mot.

— Bon ! pensa Monte-Cristo, il en est déjà à cacher ce qu’il perd : il y a un mois il s’en vantait.

Puis tout haut :

— Oh ! madame, dit le comte, M. Danglars connaît si bien la Bourse, qu’il rattrapera toujours là ce qu’il pourra perdre ailleurs.

— Je vois que vous partagez l’erreur commune, dit madame Danglars.

— Et quelle est cette erreur ? dit Monte-Cristo.

— C’est que M. Danglars joue, tandis qu’au contraire il ne joue jamais.

— Ah ! oui, c’est vrai, madame, je me rappelle que M. Debray m’a dit… À propos, mais que devient donc M. Debray ? Il y a trois ou quatre jours que je ne l’ai aperçu.

— Et moi aussi, dit madame Danglars avec un aplomb miraculeux. Mais vous avez commencé une phrase qui est restée inachevée.

— Laquelle ?