Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 4.djvu/282

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— Mais, voyez, dit la baronne, à quoi vous vous exposez ; si M. de Morcerf venait par hasard, il trouverait M. Cavalcanti dans une chambre où lui, fiancé d’Eugénie, n’a jamais eu la permission d’entrer.

— Vous faites bien de dire par hasard, reprit le banquier, car, en vérité, on dirait, tant on le voit rarement, que c’est effectivement le hasard qui nous l’amène.

— Enfin, s’il venait, et qu’il trouvât ce jeune homme près de votre fille, il pourrait être mécontent.

— Lui ? oh ! mon Dieu ! vous vous trompez ; M. Albert ne nous fait pas l’honneur d’être jaloux de sa fiancée, il ne l’aime point assez pour cela. D’ailleurs, que m’importe qu’il soit mécontent ou non !

— Cependant, au point où nous en sommes…

— Oui, au point où nous en sommes : voulez-vous le savoir, le point où nous en sommes ? c’est qu’au bal de sa mère, il a dansé une seule fois avec ma fille, que M. Cavalcanti a dansé trois fois avec elle, et qu’il ne l’a même pas remarqué.

— M. le vicomte Albert de Morcerf ! annonça le valet de chambre.

La baronne se leva vivement. Elle allait passer au salon d’étude pour avertir sa fille, quand Danglars l’arrêta par le bras.

— Laissez, dit-il.

Elle le regarda étonnée.

Monte-Cristo feignit de ne pas avoir vu ce jeu de scène.

Albert entra, il était fort beau et fort gai. Il salua la baronne avec aisance, Danglars avec familiarité, Monte-Cristo avec affection ; puis se retournant vers la baronne :

— Voulez-vous me permettre, madame, lui dit-il, de vous demander comment se porte mademoiselle Danglars ?