Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 5.djvu/145

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Le président mit l’enquête aux voix ; on vota par assis et levé, et il fut décidé que l’enquête aurait lieu.

On demanda au comte combien il lui fallait de temps pour préparer sa justification.

Le courage était revenu à Morcerf dès qu’il s’était senti vivant encore après cet horrible coup.

— Messieurs les pairs, répondit-il, ce n’est point avec du temps qu’on repousse une attaque comme celle que dirigent en ce moment contre moi des ennemis inconnus et restés dans l’ombre de leur obscurité sans doute ; c’est sur-le-champ, c’est par un coup de foudre qu’il faut que je réponde à l’éclair qui un instant m’a ébloui ; que ne m’est-il donné, au lieu d’une pareille justification, d’avoir à répandre mon sang pour prouver à mes collègues que je suis digne de marcher leur égal !

Ces paroles firent une impression favorable pour l’accusé.

— Je demande donc, dit-il, que l’enquête ait lieu le plus tôt possible, et je fournirai à la Chambre toutes les pièces nécessaires à l’efficacité de cette enquête.

— Quel jour fixez-vous ? demanda le président.

— Je me mets dès aujourd’hui à la disposition de la Chambre, répondit le comte.

Le président agita la sonnette.

— La Chambre est-elle d’avis, demanda-t-il, que cette enquête ait lieu aujourd’hui même ?

— Oui ! fut la réponse unanime de l’Assemblée.

On nomma une commission de douze membres pour examiner les pièces à fournir par Morcerf. L’heure de la première séance de cette commission fut fixée à huit heures du soir dans les bureaux de la Chambre. Si plusieurs séances étaient nécessaires, elles auraient lieu à la même heure et dans le même endroit.