Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 5.djvu/253

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— Mon Dieu ! mon Dieu ! dit Morrel, vous m’épouvantez, comte, avec ce sang-froid. Pouvez-vous donc quelque chose contre la mort ? Êtes-vous plus qu’un homme ? Êtes-vous un ange ? Êtes-vous un Dieu ?

Et le jeune homme, qu’aucun danger n’avait fait reculer d’un pas, reculait devant Monte-Cristo, saisi d’une indicible terreur.

Mais Monte-Cristo le regarda avec un sourire à la fois si mélancolique et si doux, que Maximilien sentit les larmes poindre dans ses yeux.

— Je peux beaucoup, mon ami, répondit le comte. Allez, j’ai besoin d’être seul.

Morrel, subjugué par ce prodigieux ascendant qu’exerçait Monte-Cristo sur tout ce qui l’entourait, n’essaya pas même de s’y soustraire. Il serra la main du comte et sortit.

Seulement, à la porte, il s’arrêta pour attendre Baptistin, qu’il venait de voir apparaître au coin de la rue Matignon, et qui revenait tout courant.

Cependant, Villefort et d’Avrigny avaient fait diligence. À leur retour Valentine était encore évanouie, et le médecin avait examiné la malade avec le soin que commandait la circonstance et avec une profondeur que doublait la connaissance du secret.

Villefort suspendu à son regard et à ses lèvres, attendait le résultat de l’examen. Noirtier, plus pâle que la jeune fille, plus avide d’une solution que Villefort lui-même, attendait aussi, et tout en lui se faisait intelligence et sensibilité.

Enfin, d’Avrigny laissa échapper lentement :

— Elle vit encore.

— Encore ! s’écria Villefort ; oh ! docteur, quel terrible mot vous avez prononcé là !