Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 5.djvu/67

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— Tu dois avoir une livrée neuve qu’on t’a apportée hier ?

— Oui, monsieur.

— J’ai affaire à une petite grisette à qui je ne veux dire ni mon titre ni ma condition. Prête-moi la livrée, et apporte-moi tes papiers, afin que je puisse, si besoin est, coucher dans une auberge.

Pierre obéit.

Cinq minutes après, Andrea, complètement déguisé, sortait de l’hôtel sans être reconnu, prenait un cabriolet, et se faisait conduire à l’auberge du Cheval-Rouge, à Picpus.

Le lendemain, il sortit de l’auberge du Cheval-Rouge comme il était sorti de l’hôtel des Princes, c’est-à-dire sans être remarqué, descendit le faubourg Saint-Antoine, prit le boulevard jusqu’à la rue Ménilmontant, et, s’arrêtant à la porte de la troisième maison à gauche, chercha à qui il pouvait, en l’absence du concierge, demander des renseignements.

— Que cherchez-vous, mon joli garçon ? demanda la fruitière en face.

— M. Pailletin, s’il vous plaît, ma grosse maman ? répondit Andrea.

— Un boulanger retiré ? demanda la fruitière.

— Justement, c’est cela.

— Au fond de la cour, à gauche, au troisième.

Andrea prit le chemin indiqué, et au troisième trouva une patte de lièvre qu’il agita avec un sentiment de mauvaise humeur dont le mouvement précipité de la sonnette se ressentit.

Une seconde après, la figure de Caderousse apparut au grillage pratiqué dans la porte.

— Ah ! tu es exact, dit-il.