Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 5.djvu/78

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voir qu’il retournait dans son esprit quelque profonde pensée.

Puis soudain :

— Que j’aimerais à voir tout cela ! s’écria-t-il, et comme tout cela doit être beau !

— Le fait est, dit Andrea, que c’est magnifique !

— Et ne demeure-t-il pas avenue des Champs-Élysées ?

— Numéro trente.

— Ah ! dit Caderousse, numéro trente ?

— Oui, une belle maison isolée, entre cour et jardin, tu ne connais que cela.

— C’est possible ; mais ce n’est pas l’extérieur qui m’occupe, c’est l’intérieur : les beaux meubles ! hein, qu’il doit y avoir là-dedans ?

— As-tu vu quelquefois les Tuileries ?

— Non.

— Eh bien ! c’est plus beau.

— Dis donc, Andrea, il doit faire bon à se baisser quand ce bon Monte-Cristo laisse tomber sa bourse ?

— Oh ! mon Dieu ! ce n’est pas la peine d’attendre ce moment-là, dit Andrea, l’argent traîne dans cette maison-là comme les fruits dans un verger.

— Dis donc, tu devrais m’y conduire un jour avec toi.

— Est-ce que c’est possible ! et à quel titre ?

— Tu as raison ; mais tu m’as fait venir l’eau à la bouche ; faut absolument que je voie cela ; je trouverai un moyen.

— Pas de bêtises, Caderousse !

— Je me présenterai comme frotteur.

— Il y a des tapis partout.

— Ah ! pécaire ! alors il faut que je me contente de voir cela en imagination.

— C’est ce qu’il y a de mieux, crois-moi.