Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 5.djvu/87

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répondit Bertuccio, et les chevaux sont tout prêts. Je les ai achetés et cantonnés moi-même aux endroits les plus commodes, c’est-à-dire dans des villages où personne ne s’arrête ordinairement.

— C’est bien, dit Monte-Cristo, je reste ici un jour ou deux, arrangez-vous en conséquence.

Comme Bertuccio allait sortir pour ordonner tout ce qui avait rapport à ce séjour, Baptistin ouvrit la porte, il tenait une lettre sur un plateau de vermeil.

— Que venez-vous faire ici ? demanda le comte en le voyant tout couvert de poussière, je ne vous ai pas demandé, ce me semble ?

Baptistin, sans répondre, s’approcha du comte et lui présenta la lettre.

— Importante et pressée, dit-il.

Le comte ouvrit la lettre et lut :

« M. de Monte-Cristo est prévenu que cette nuit même un homme s’introduira dans sa maison des Champs-Élysées, pour soustraire des papiers qu’il croit enfermés dans le secrétaire du cabinet de toilette : on sait M. le comte de Monte-Cristo assez brave pour ne pas recourir à l’intervention de la police, intervention qui pourrait compromettre fortement celui qui donne cet avis. M. le comte, soit par une ouverture qui donnera de la chambre à coucher dans le cabinet, soit en s’embusquant dans le cabinet, pourra se faire justice lui-même. Beaucoup de gens et de précautions apparentes éloigneraient certainement le malfaiteur, et feraient perdre à M. de Monte-Cristo cette occasion de connaître un ennemi que le hasard a fait découvrir à la personne qui donne cet avis au comte, avis qu’elle n’aurait peut-être pas l’occasion de renouveler si, cette première entreprise échouant, le malfaiteur en renouvelait une autre. »