Page:Dumas - Le Comte de Monte-Cristo (1889) Tome 6.djvu/246

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Di quà, dit un des quatre hommes en descendant un petit sentier qui conduisait de la voie Appienne au milieu de ces inégales hachures de la campagne de Rome.

Danglars suivit son guide sans discussion, et n’eut pas besoin de se retourner pour savoir qu’il était suivi des trois autres hommes.

Cependant, il lui sembla que ces hommes s’arrêtaient comme des sentinelles à des distances à peu près égales.

Après dix minutes de marche à peu près, pendant lesquelles Danglars n’échangea point une seule parole avec son guide, il se trouva entre un tertre et un buisson de hautes herbes ; trois hommes debout et muets formaient un triangle dont il était le centre.

Il voulut parler ; sa langue s’embarrassa.

Avanti, dit la même voix à l’accent bref et impératif.

Cette fois Danglars comprit doublement : il comprit par la parole et par le geste, car l’homme qui marchait derrière lui le poussa si rudement en avant qu’il alla heurter son guide.

Ce guide était notre ami Peppino, qui s’enfonça dans les hautes herbes par une sinuosité que les fouines et les lézards pouvaient seuls reconnaître pour un chemin frayé.

Peppino s’arrêta devant une roche surmontée d’un épais buisson ; cette roche entrouverte comme une paupière, livra passage au jeune homme, qui y disparut comme disparaissent dans leurs trappes les diables de nos féeries.

La voix et le geste de celui qui suivait Danglars engagèrent le banquier à en faire autant. Il n’y avait plus à en douter, le banqueroutier français avait affaire à des bandits romains.

Danglars s’exécuta comme un homme placé entre deux dangers terribles, et que la peur rend brave. Malgré son