Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/153

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ces colosses de pierre dont les silhouettes grandioses leur dérobaient la moitié de la voûte étoilée et cette mer qui s’étendait à leur gauche comme une immense nappe brune que frangeaient quelques rides écumeuses, elle n’éprouvait d’autres émotions que celles de l’amour. Auprès de celui que son cœur avait choisi, elle se sentait aussi rassurée que si elle se fût trouvée sur la Canebière, et elle était fière de la force qu’elle puisait dans ce sentiment, joyeuse du calme de son âme.

Marius, au contraire, à mesure qu’ils s’écartaient davantage du seul être vivant qu’il y eût autour d’eux, se sentait de plus en plus troublé.

La première sensation qu’il éprouva fut celle de la peur.

Ils avaient à marcher à travers les rochers pendant cinq ou six cents pas avant d’arriver à la route qui, serpentant sur les flancs de la montagne, conduit des fabriques à la Madrague.

Le chemin qu’ils devaient suivre était non seulement pénible, mais périlleux : l’humidité de la nuit avait rendu glissante la surface des rochers ; un faux pas pouvait précipiter les deux voyageurs dans un abîme.

Marius y pensa et il frémit, non pour lui, mais pour elle.

En sautant d’une pointe sur une autre, le pied