Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/174

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ser demain, en mon absence, dans notre cher bosquet ; car, selon toute apparence, votre futur beau-frère passera journée et soirée au chalet. »

Pour le coup il n’y avait plus moyen de prendre le langage de Mlle Madeleine pour du malgache. M. Coumbes ne savait s’il devait rire ou pleurer.

En réalité, il subissait ces deux impressions.

Comme tous les égoïstes, M. Coumbes ne comprenait pas que quoi que ce fût en ce monde pût balancer le bonheur que l’on devait éprouver en faisant ce qui pouvait lui être agréable. Il ne songea pas aux avantages qui pourraient résulter pour Marius d’une union si fort au-dessus de ses espérances ; toute sa préoccupation s’était portée sur ce qu’il appelait la défection de son filleul ; elle lui semblait honteuse et criminelle au premier chef, nul châtiment ne pouvait être trop rigoureux pour la punir. Il éprouvait, en y réfléchissant, tout à la fois des attendrissements pleins d’amertume et un courroux gros de mépris.

D’un autre côté, le profond sentiment de la hiérarchie sociale qui le possédait, l’union du fils de Pierre Manas, le condamné, avec une demoiselle appartenant à l’aristocratie commerciale de Marseille, lui paraissait quelque chose de prodigieusement bouffon ! Ce beau projet était écrit en toutes lettres ;