Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/204

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humaine, il ne pouvait plus, à moins de lâcheté ou de folie, songer à une union avec Mlle Madeleine Riouffe.

C’était cette pensée qui venait de lui porter une épouvantable secousse.

Il se roula sur le sable du jardin, il enfonça ses ongles dans la terre, il lança dans la nuit ses malédictions et ses sanglots : la chute était trop haute et trop imprévue pour ne pas être bien douloureuse. Pendant quelques instants, il ne put se rendre compte de ce qui se passait dans sa tête ; le nom de Madeleine était le seul que pussent prononcer ses lèvres.

Puis peu à peu ses idées se fixèrent et reprirent forme ; il rougit de s’être abandonné à son désespoir ; il résolut de lutter contre lui.

– Soyons homme, pensa-t-il, et, s’il faut souffrir, souffrons en homme. J’avais parlé à ma mère de deux devoirs que nous avions à remplir ; j’en trouve un troisième, à mon compte : celui d’avouer la vérité à mademoiselle Madeleine, et de lui rendre ses serments.

Étouffant un dernier sanglot, comprimant les larmes qui, malgré sa volonté, s’échappaient encore de ses yeux, Marius alla chercher l’échelle et l’appliqua contre la muraille.

Lorsqu’il fut arrivé au dernier échelon, il jeta un