Page:Dumas - Le Fils du forçat.djvu/221

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– Lorsqu’on donne tout ce qu’on a, celui qui reçoit n’a pas le droit d’en demander davantage, répondit Marius, qui, en dépit des liens qui l’attachaient à cet homme, se sentait pour lui un insurmontable dégoût.

– Tu as raison, mon pichon. Ah çà ! mais, dis-moi donc pour quel motif tu t’intéresses tant à mon sort. Si tu étais une femme, je croirais que je suis encore d’âge à faire des passions, continua-t-il avec un ignoble rire.

– Que vous importe la cause qui me fait agir, du moment que j’agis à votre profit ? Demain, vous aurez votre argent ; n’est-ce pas tout ce qu’il vous faut ?

– C’est si bien dit, que ça vaudrait la peine d’être imprimé.

Puis, comme si une idée soudaine eût traversé son cerveau :

– Quel âge avez-vous ? s’écria-t-il tout à coup en regardant Marius.

Le jeune homme comprit où visait la question et frissonna.

– Vingt-six ans, répondit-il.

Sa physionomie virile lui permettait de se vieillir de quelques années sans que l’âge qu’il se donnait parût improbable.

– Vingt-six ans, ça ne peut pas être ce que je