Page:Dumas - Le Meneur de loups (1868).djvu/13

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elle revient d’un vol rapide vers le corps de plus en plus lassé, et, comme un bourdonnement d’abeille, comme un chant d’oiseau, comme un murmure de source, elle lui raconte ce qu’elle a vu.

Et, à ce récit, l’œil du voyageur se ranime, sa bouche sourit, sa physionomie s’éclaire.

C’est que, par un bienfait de la Providence, la Providence permet que, ne pouvant pas retourner vers la jeunesse, la jeunesse revienne à lui.

Et, dès lors, il aime à raconter tout haut ce que lui dit tout bas sa mémoire.

Est-ce que la vie serait ronde comme la terre ? Est-ce que, sans s’en apercevoir, on en ferait le tour ? Est-ce qu’à mesure qu’on approche de la tombe, on se rapprocherait de son berceau ?


II


Je ne sais ; mais je sais ce qui m’est arrivé, à moi.

À ma première halte sur le chemin de la vie, à mon premier regard en arrière, j’ai d’abord raconté l’histoire de Bernard et de son oncle Berthelin, puis celle d’Ange Pitou, de sa fiancée et de tante Angélique, puis celle de Conscience l’Innocent et de sa fiancée Mariette, puis celle de Catherine Blum et du père Vatrin.

Aujourd’hui, je vais vous raconter celle de Thibault le meneur de loups et du seigneur de Vez.

Maintenant, comment les événements que je vais faire passer sous vos yeux sont-ils venus à ma connaissance ?

Je vais vous le dire.