Page:Dumas - Le Meneur de loups (1868).djvu/21

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triomphant, continua-t-il d’appeler les bêtes fauves des bêtes fausses, ne comprenant rien à l’entêtement de mon père, qui continuait d’appeler des bêtes fausses des bêtes fauves.

Voilà pourquoi, à la question de mon père : « Et qu’as-tu fait encore ? » Mocquet avait répondu : « J’ai fait ce que je fais quand je veux prendre une bête fausse. »

Nous avons interrompu le dialogue pour donner l’explication que l’on vient de lire ; mais entre Mocquet et mon père, qui n’avait pas besoin d’explication, le dialogue continuait.


VI


– Et que fais-tu, Mocquet, quand tu veux prendre une bête fauve ? demanda mon père.

– Général, je prépare un pierge.

– Comment ! tu as préparé un piège pour prendre la mère Durand ?

Mocquet n’aimait pas que l’on prononçât les mots autrement que lui. Aussi reprit-il :

– J’ai préparé un pierge pour la mère Durand, oui, général.

– Et où l’as-tu mis, ton pierge ? À ta porte ?

Mon père, comme on le voit, faisait des concessions.

– Ah bien, oui, à ma porte ! dit Mocquet. Est-ce qu’elle passe par ma porte, la vieille sorcière ! Elle entre dans ma chambre que je ne sais seulement point par où.

– Par la cheminée, peut-être ?