Page:Dumas - Le Meneur de loups (1868).djvu/27

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je, si je prenais mon fusil et si j’étais le premier au rendez-vous.

L’hiver de 1817 à 1818 avait été rude.

Il était tombé un pied de neige ; il avait gelé par-dessus, de sorte que la neige tenait bon depuis une quinzaine de jours.

Et cependant on n’entendait parler de rien.

Un soir, vers quatre heures de l’après-midi, Mocquet vint à la maison.

Il venait faire sa provision de poudre.

Tout en faisant sa provision de poudre, il me fit un signe de l’œil. Quand il sortit, je le suivis.

– Eh bien, Mocquet, lui demandai-je, qu’y a-t-il ?

– Vous ne devinez pas, monsieur Alexandre ?

– Non, Mocquet.

– Vous ne devinez pas que, si je viens acheter de la poudre chez madame la générale, au lieu d’en acheter tout simplement à Haramont, c’est-à-dire si je fais une lieue au lieu d’un quart de lieue, c’est que j’ai une partie à vous proposer ?

– Ô mon bon Mocquet ! Et laquelle ?

– Il y a un loup, monsieur Alexandre.

– Bah ! vraiment ?

– Il a enlevé cette nuit un mouton à M. Destournelles, et je l’ai suivi jusqu’au bois du Tillet.

– Eh bien ?

– Eh bien, cette nuit, je le reverrai bien certainement, je le détournerai, et, demain matin, nous lui ferons son affaire.

– Oh, quel bonheur !

– Seulement, il faut la permission…

– La permission de qui, Mocquet ?

– La permission de la générale.

– Eh bien, rentre, Mocquet ; nous allons la lui demander.