Aller au contenu

Page:Dumas - Les Frères Corses, 1881.djvu/273

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
261
OTHON L’ARCHER

accompagné les premières, mais dans ce doux repos qui annonce l’intimité des âmes.

« — Ma mère, dit, un jour, le jeune Godefroy, quand il est arrivé en ce pays, dans une barque traînée par un cygne, d’où venait mon père ?

« — Et pourquoi cela ? répondit la mère en soupirant.

« — C’est que le fils du comte de Megen me l’a demandé.

« — Il venait d’un pays lointain et inconnu, dit la mère. Voilà tout ce que je sais.

« Cette réponse suffit à l’enfant, qui la transmit à ses jeunes camarades et continua de jouer sur les bords du fleuve avec l’insouciance de son âge.

« Une année s’écoula encore, mais pendant laquelle le chevalier surprit plus d’une fois Béatrix rêveuse et inquiète ; cependant il ne parut pas s’en apercevoir et redoubla pour elle de soins et de caresses.

« — Ma mère, dit, un jour, le jeune Rodolphe, quand il t’a délivrée du méchant Gérard, qui avait dit à mon père que tu avais besoin de secours ?

« — Et pourquoi cela ? répondit la mère en pleurant.

« — C’est que le fils du margrave de Gorkum me l’a demandé.

« — Dieu, répondit la mère ; Dieu, qui voit ceux qui souffrent et qui leur envoie ses anges pour les secourir.