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Page:Dumas - Les Frères Corses, 1881.djvu/275

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OTHON L’ARCHER

« — Hélas ! cela devait être ainsi, murmura-t-il en soupirant ; ce soir, je te dirai tout.


IX


« Il était six heures du soir, à peu près, lorsque le chevalier et sa femme vinrent s’asseoir sur le balcon. Béatrix paraissait contrainte et embarrassée : le chevalier était triste.

Tous deux demeurèrent quelques instants en silence, et leurs regards se portèrent instinctivement vers l’endroit où était apparu le chevalier, le jour de son combat avec Gérard. Le même point se faisait apercevoir à la même place. Béatrix tressaillit, le chevalier soupira. Cette même impression qui frappait en même temps leurs deux âmes, les ramena l’un à l’autre : leurs yeux se rencontrèrent. Ceux du chevalier étaient humides et exprimaient un sentiment de tristesse si profonde, que Béatrix ne put le supporter et tomba à genoux.

« — Oh ! non ! non ! mon ami, lui dit-elle, pas un mot de ce secret qui doit nous coûter si cher. Oublie la demande que je t’ai faite, et, si tu ne laisses pas de nom à nos fils, ils seront braves comme leur père et s’en feront un.

« — Écoute, Béatrix, répondit le chevalier, toutes choses sont prévues par le Seigneur, et, puisqu’il a