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OTHON L’ARCHER

compte venait jeter son ombre sur la joie du prince : c’était la disparition du chevalier inconnu, qui s’était éloigné d’une manière si inattendue et si rapide, que le prince l’avait vu disparaître avant d’avoir trouvé un moyen de le retenir. Il ne fut, pendant toute la soirée, question que de cette étrange aventure, et chacun se retira sans y avoir rien pu comprendre.

L’esprit du prince avait tellement été fixé sur une seule pensée, depuis l’issue du combat, que ce ne fut que lorsqu’il se retrouva seul qu’il se rappela la disparition de ses deux archers, Hermann et Othon. Une conduite pareille au moment du danger lui parut si étrange de la part de ces deux hommes, qu’il résolut, s’ils reparaissaient au château sans pouvoir donner d’excuse valable, de les renvoyer honteusement aux yeux de tous. En conséquence, l’ordre fut donné aux gardes de nuit de prévenir le prince, dès le matin, dans le cas où Othon et Hermann seraient rentrés pendant la nuit.

Le lendemain, au point du jour, un serviteur entra dans la chambre du prince. Les deux déserteurs étaient rentrés dans le quartier des gardes vers les deux heures du matin.

Le prince s’habilla aussitôt, et ordonna que l’on fit venir Othon.

Dix minutes après, le jeune archer se présenta devant son maître. Il avait l’air aussi calme que s’il ne se