Page:Dumas - Les Quarante-Cinq, 1888, tome 1.djvu/106

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— Attendez.

— Ce n’est point cela que j’avais compris.

— Mais attendez donc, maudite tête !

Il se fit de la part du plus grand nombre un silence curieux, et de la part de quelques autres un silence impatient.

— Je ne vous ai pas dit encore qui serait votre maître, Messieurs…

— Oui, dit Sainte-Maline ; mais vous avez dit que nous en aurions un.

— Tout le monde a un maître ! s’écria Loignac ; mais si votre air est trop fier pour s’arrêter où vous venez de dire, cherchez plus haut ; non-seulement je ne vous le défends pas, mais je vous y autorise.

— Le roi, murmura Carmainges.

— Silence, dit Loignac, vous êtes venus pour obéir, obéissez donc ; en attendant, voici un ordre que vous allez me faire le plaisir de lire à haute voix, monsieur Ernauton.

Ernauton déplia lentement le parchemin que lui tendait M. de Loignac, et lut à haute voix :

« Ordre à monsieur de Loignac d’aller prendre, pour les commander, les quarante-cinq gentilshommes que j’ai mandés à Paris, avec l’assentiment de Sa Majesté.

« Nogaret de La Valette,
duc d’Épernon. »

Ivres ou rassis, tous s’inclinèrent : il n’y eut d’inégalités que dans l’équilibre, lorsqu’il fallut se relever.

— Ainsi, vous m’avez entendu, dit M. de Loignac : il s’agit de me suivre à l’instant même. Vos équipages et vos gens demeureront ici, chez maître Fournichon qui en aura soin, et où je les ferai prendre plus tard ; mais, pour le présent, hâtez-vous : les bateaux attendent.